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Francis Casorla

Le 15 mars 2016, notre membre Francis Casorla, Conseiller d’Etat de la Principauté de Monaco et Ancien Avocat Général de la Cour de Cassation en France,  a effectué sa conférence statutaire en présence notamment de M. Patrice Cellario, Conseiller de Gouvernement pour l’Intérieur, et de nombreux Rotariens et leurs épouses.

Réflexions sur le terrorisme

Résumé de la conférence du 15 mars 2016

Il n’y a pas de définition internationalement reconnue du terrorisme, chaque Etat ayant la sienne, certains Etats étant gouvernés par d’anciens terroristes vainqueurs ou rentrés dans le rang, voire couronnés par le Prix Nobel de la Paix…

C’est une stratégie de longue durée avec des moyens limités visant à l’épuisement psychologique de l’adversaire dont il se nourrit de la faiblesse. Le terrorisme est aussi une stratégie violente de communication, apparentée au chantage, perpétrée contre des cibles non combattantes d’où les fréquentes revendications tant attendues par les journalistes qui servent, consciemment ou non, d’appareil émetteur et de haut-parleur.

Le droit français fait du terrorisme une circonstance aggravante de toute une série d’infractions de droit commun allant du meurtre au délit d’initié… En droit monégasque, le dispositif légal est de même inspiration. Les terroristes ne sont donc pas des « soldats », encore moins des militants, ni des « combattants de la liberté », ce sont des criminels, ils ont d’ailleurs fréquemment en France le profil de délinquants.

L’usage de la terreur est depuis longtemps une tactique résolue du fanatisme révolutionnaire, elle a été théorisée à l’occasion de la conspiration qui a conduit à la révolution française de 1789 et à l’assassinat du Roi et de la Reine ainsi qu’à la décapitation de dizaines de milliers d’innocents. Les mots « terrorisme » « terroriser » « terrifier » et même «terrorifier» sont nés à cette époque où on se glorifiait d’être terroriste.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle, le monde entier vit le terrorisme anarchiste qui prend le plus souvent la forme du tyrannicide.

La période 1970-1990 verra, en particulier en France, le développement du terrorisme d’extrême gauche en lien étroit avec les palestiniens des différentes factions, mais aussi un terrorisme indépendantiste souvent d’inspiration marxiste, lui aussi en lien avec les mouvements d’extrême gauche et palestiniens.

La décennie 90 opère sur plusieurs années une bascule du mouvement terroriste qui va passer de la revendication à la volonté de destruction se rapprochant de la notion de guerre totale. Alors que s’éteignent les terrorismes indépendantistes et d’extrême gauche, le terrorisme islamiste va se présenter comme un terrorisme de conquête mondiale.

Ce sera Al Qaïda et ses « méga-attentats », puis en complément, Daesh, un terrorisme d’exportation par le biais d’internet et de relais humains cherchant notamment à s’appuyer sur les minorités musulmanes installées dans les pays occidentaux, jouant sur les failles béantes européennes (Schengen, le « droit d’asile », l’immigration forcée massive…) et sur l’impréparation, voire le désarmement moral, culturel et opérationnel des pays cibles.